Camionneries

Lundi 23 mai 2011 à 18:52

    Bon. Bon. Je ne PRÉTENDS PAS que ce design est une véritable œuvre d'art bouleversante d'émotion et pleine de messages profonds sur le sens de la vie, mais quoi, il est correct, non ? Je veux dire : comparé à avant. Et pour quelqu'un qui n'est pas sous Premium. Allez, c'est entendu, on le garde pour le moment. Et sans plus attendre on passe à la suite (mais non pas la fin) du premier chapitre impatiemment attendue par des milliers de lecteurs dans le monde entier. Naturellement, vos critiques sont toujours les bienvenues.



   Alors le Dr Stein réapparut au sommet de l'escalier, traînant derrière lui rien de moins qu'une couette. Oui, une couette, une vraie couette comme pour dormir, bleu foncé à lignes rouges, crasseuse, pleine de taches, de feuilles mortes et de poussière, et si ma tante Alice avait vu ça, elle aurait crié misère. Elle est très portée sur le ménage, Alice, c'est comme qui dirait une passion, il suffit de l'inviter chez vous pour qu'elle fasse reluire tout votre intérieur. D'ailleurs je me souviens, ma grande sœur et elle ont eu une terrible dispute à ce sujet. Ma tante avait utilisé du savon pour nettoyer la salle de bains et le pauvre petit Diego a failli mourir, mais il va très bien, heureusement, il a cassé un troisième clavier d'ordinateur cette semaine. Ma tante a dit que c'était une drôle d'idée d'apprendre aux enfants à manger du savon et ma sœur a crié qu'elle lui ferait manger ses dents si elle s'avisait de remettre en danger la vie de son petit-fils et qu'on n'avait pas idée de laisser du savon à portée d'enfants et toutes sortes d'histoires comme cela, elle a toujours eu le tempérament emporté, celle-là, une vraie tête brûlée, enfin, je m'écarte du sujet, non ? Où en étais-je ? Ah oui, le Dr Stein traînait donc cette couverture... Arriva, à sa suite, un bien étrange bonhomme.

   Ce n'est pas sans raison que j'emploie le mot "étrange" et je vais le justifier bientôt. Déjà il courbait le dos comme un vieil homme et il marchait - en fait il semblait plutôt traîner son corps comme un boulet - avec force soupirs et murmures plaintifs, comme si la vie entière était un fardeau. Mais ça, en soi, ce n'était pas étrange, je vous l'accorde. Il y a des gens autour de vous qui font sûrement ça très bien, tiens, mon prof de physique de primaire, il fallait le voir quand il se préparait à donner cours. Hardell était de ce genre-là. Il avait à peu près le même âge que Stein, Maka devait l'apprendre plus tard, mais vous le lui auriez dit à ce moment-là, alors que lui et le professeur revenaient ensemble vers eux, elle ne l'aurait pas cru. Du reste, on n'aurait pu imaginer de plus violent contraste : Stein avait la démarche énergique, le dos droit, la tête droite, à peine marquée par l'âge, en un pas il avait déjà distancé son mou compagnon de deux mètres alors que Hardell, ridé et ratatiné comme une vieille pomme, se mouvait avec toute la vitalité d'un macaroni cuit sans cesser de gémir d'angoisse. Il avait une voix particulière, lente, faible et pâteuse, il articulait mal.

- C'est LUI, le puissant allié ? souffla Kid, incrédule. Ce vieillard branlant en pyjama ?

   Et voilà.
 
   Je ne dis rien contre le pyjama. Le pauvre n'y pouvait rien. Il avait été fabriqué sans qu'on le consulte dans un tissu jaune poussin à pois bleus et je tiens pour à peu près certain qu'on ne lui laissa à l'instant crucial aucune liberté de choisir son propriétaire, pas plus que ces grosses chaussettes rouges et mauves ne sautèrent d'elles-mêmes pour envelopper les pieds de ce dernier. Bien entendu, chacun de nous est libre de s'habiller comme il s'entend, nous sommes dans une démocratie, liberté, tout ça, si vous voyiez seulement comment mon beau-frère se fagote, dans une dictature du bon goût il serait déjà en prison depuis longtemps : mais enfin reconnaissez que c'est "étrange" de décider de se vêtir d'un pyjama pour se rendre en pleine journée dans une école aider un ami à donner cours. Or il se fait que le pyjama était, pour Hardell, la tenue habituelle. Tandis qu'à ses yeux, les chaussures étaient totalement accessoires. Si du moins ses vêtements avaient été propres et bien repassés, il aurait sans doute déjà eu meilleure allure. Mais froissés comme ils l'étaient, pleins de poussière et de débris de feuilles mortes, ils ne pouvaient pas rattraper grand-chose. En fait, le malheureux paraissait tout entier froissé, chiffonné, en partie à cause de sa mine de dix pieds de long et de ses rides qui semblaient le tirer inexorablement vers le bas, en partie également à cause de ses cheveux brun-roux en bataille qui ne manquaient pas de débris et de poussière, eux non plus. Déplié, il faisait une tête de moins que Stein.

- Je vous PRÉSENTE Hardell, dit le professeur face à eux tous en l'attrapant par le bras pour l'empêcher de s'enfuir. Il va vous donner une leçon de combat sur-le-champ sans quoi il me mécontenterait beaucoup, n'est-ce pas Hardell ?
- C'est quand même pas ce minable qu'on vous envoie combattre ? gloussa Black*Star.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? sursauta Soul.
- HOWAAAA ! Le grand BLACK*STAR REFUSE de voir sa grandeur confinée dans un couloir ! Il s'est faufilé parmi vous, avec la discrétion du plus rusé des assassins pour vous éblouir et vous étonner encore de sa grandeur et de sa toute-puissance ultime, il est plus furtif qu'une omb...
- Soul, Maka, Death the Kid, Liz et Patty, vous faites équipe, dit Stein après avoir fait voler Black*Star à travers le couloir d'une droite bien placée. Essayez donc de le battre.
- C'est une blague ? marmonna Liz en avisant l'espèce de tas de chiffons humain qui lui faisait face. On va n'en faire qu'une bouchée...
- Maka, juste une seconde, fit Stein en passant à côté d'elle alors que tous les autres se lançaient tumultueusement dans la cour. Regarde un peu son âme.

   Maka ne comprenait pas pourquoi le docteur les envoyait combattre ce gars-là. Il avait peut-être été fort avant, mais il s'était sûrement ramolli durant ces dix années d'absence. Elle ne le croyait même pas capable de vaincre sa couette. Toutefois, curieuse, elle s'exécuta docilement et faillit pousser un cri de surprise face à la vision qu'elle reçut. L'âme de Hardell était immense.

- C'est dingue ! murmura-t-elle, impressionnée.
- Oui. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, mais ce n'est pas pour ça que je t'ai demandé de la voir. Dis-moi plutôt... À ton avis... c'est l'âme de quoi ?

   Tout d'abord, la jeune fille ne comprit pas où il voulait en venir. Mais en se ré-intéressant à l'âme, elle ressentit soudain quelque chose de très étrange. Ça n'avait absolument rien d'humain. Et ce n'était pas une arme démoniaque non plus. C'était... quelque chose de totalement autre, elle n'avait jamais été confrontée à rien de semblable auparavant. Maka eut tout à coup comme un frisson dans le dos. Il y avait quelque chose d'effrayant à ne pas savoir à quoi on avait affaire, quelque chose de si puissant qui plus est. "C'est un allié de la Shibusen" se dit-elle pour se rassurer. Elle admit :

- Je ne sais pas.
- Essaye de deviner ce qu'il pourrait être. C'est un bon exercice.

   Là-dessus, Stein se dirigea vers sa chaise à roulettes qu'il avait prise avec lui et s'assit à l'envers dessus comme d'habitude, prêt à observer le combat. Maka rejoignit lentement ses amis qui discutaient avec animation depuis un moment, perplexe.

- Qu'est-ce qu'il te voul... commença Soul mais le professeur le coupa :
- Allez-y.

   Il y eut un silence.

- Liz ! Patty ! appela Kid et les revolvers sautèrent dans ses mains.
- Soul ! fit de même Maka.
- HARDELL ! s'écria Stein. ARRÊTE DE DORMIR !
- Mppghhngm, se défendit Hardell en levant la tête de la couette qu'il avait récupérée.
- Donne-moi ça, insista le professeur en tirant un pan de la couette.
- Noooon, se lamenta Hardell, laisse-la-moi, je vais me battre.
- T'as pas besoin de ça pour te battre.
- Siii... c'est pour une attaque-surprise.
- Hm... OK, si tu le dis...

   Stein retourna à sa place et Hardell se refourra dans sa couverture. Il avait une façon de se pelotonner là-dedans qui le rendait complètement invisible.

   Un ange passa.

- Euh... Quelle attaque-surprise ? demanda Maka, déstabilisée et se demandant comment elle avait pu avoir peur de ce type une minute plus tôt. Tout le monde s'attend à ce qu'il attaque...
- C'est pas grave, commencez, grommela Stein.
- Professeur... ajouta-t-elle un instant après, alors que la pointe de la faux démoniaque était à deux millimètres du cou de Hardell et que Kid avait posé le canon de Patty sur la tempe de celui-ci, est-ce qu'on doit considérer qu'on l'a battu ou il faut le blesser ?
- RÉVEILLE-TOI ET SORS DE LÀ ! rugit Stein en arrachant la couverture des mains de Hardell.
- Maaaaiiiieuuuuuh...
- Ça suffit, maintenant ! Mets-toi debout et bats-toi sérieusement !

   Marmonnant dans sa barbe que Stein était un meneur d'esclaves, Hardell obéit avec lassitude.



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Par consultant seo le Jeudi 3 septembre 2015 à 15:53
Je vous remercie pour l'information.
Par serrurier 15eme le Lundi 7 septembre 2015 à 9:32
Excellent article je vous soutient .
 

Installez-vous sur le divan et expliquez-moi ce qui ne va pas.









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